Saint-Michel ou comment on bâtit une Eglise…

En 1959, l'abbé Miguel est nommé vicaire à Saint Joseph de Blancpignon et est spécialement chargé de ce quartier des usines Breguet-Dassault, le quartier Montbrun, avec mission d'y ériger une paroisse.

 

Quelques années plus tard, il racontait l'histoire de la création de l'église Saint Michel dans la revue diocésaine. En voici un extrait.

 

 

« Mon Rêve »

"De Montbrun, je ne connaissais absolument rien, sinon l'existence de ces forêts de pins que nous avions parcourues lors de nos promenades du Grand Séminaire ; j'ignorais qu'on y avait construit toute une cité.

 

Sans grand enthousiasme au départ, - j'étais tellement bien "installé" à Hendaye - je répondais que j'allais essayer, en faisant de mon mieux, non sans avoir pensé à ce "Promitto" que j'avais prononcé lors de mon ordination sacerdotale.

Et le 28 Septembre 1960, j'entrais dans cette petite propriété que Monsieur le Curé de Blancpignon avait achetée : située en plein centre de la cité, elle comprenait une petite maison, en bon état, - elle s'appelait, tenez-vous bien "Mon Rêve"- une ébauche de hangar métallique et quelques 700 à 800 mètres de terrain...


Naissance du quartier

Immédiatement, je suis parti dans ce qui, peut-être, serait une paroisse, vers ceux qui, peut-être - seraient des paroissiens. Dans mes visites quotidiennes, j'ai rencontré des gens qui m'ont accueilli avec joie, enthousiasme même...  D'autres, avec indifférence, comme partout ailleurs...  Quelques rares qui m'ont mis, plus ou moins gentiment à la porte. 

 

C'est bien souvent que j'ai entendu des réflexions comme celle-ci :  "Ah, vous savez, Monsieur l'abbé, le quartier n'est pas fameux ; nous admirons votre naïveté, mais il n'y a pas grand-chose à espérer ici". 

 

Un jour, pendant mon absence, les enfants du quartier ont brisé toutes les vitres de mon appartement à coups de pierres. Ce n’était pas méchant, simplement « amusant » pour eux.

 

Ainsi peu à peu, j'ai fait la connaissance, tout à fait sommaire du quartier ; population laborieuse de quelques deux mille âmes, composée, presque exclusivement d'ouvriers, tous de situation modeste, quelque peu aigris par les difficultés de la vie. 

 

De toute l'agglomération bayonnaise, le coin certainement le plus déshérité avec, en plein centre, cette cité d'urgence où vivent ceux qui n'ont pas pu trouver où ne peuvent pas se payer un appartement convenable à Bayonne, Biarritz ou Anglet.


Et puis…à l’ouvrage…

Sans ressources - je n'avais pas le premier sou - je comptais sur la Providence et, pour me donner du courage, je me disais que si le Seigneur voulait un lieu de culte à Montbrun, il trouverait bien les moyens : actuellement, lui n'est pas plus pauvre qu'au temps où l'on construisait des cathédrales.

 

C'est alors que j'ai été le témoin émerveillé d'une solidarité et d'une générosité extraordinaire de la part des hommes du quartier. Quand ils ont vu que ça commençait à bouger, ils sont venus s'offrir d'eux-mêmes ; ils ont donné ce qu'ils pouvaient, leurs bras, leur savoir-faire, leur bonne volonté. 

Tous les jours, après leur travail et souvent jusqu'à une heure avancée de la nuit, les samedis, ils ont travaillé, avec entrain, sans que jamais il ne soit question de rémunération. 

Je me souviendrai toujours de ce de dimanche où, à Bayonne, avait lieu un match de championnat de rugby : Aviron-Tarbes. Il fallait "couler" le sol de l'église. Une vingtaine d'hommes, certains fervents du rugby, se sont entendus entre eux pour faire le sacrifice du match et venir travailler.

 

Nous avons terminé la soirée autour d'une bonne table dans une ambiance joyeuse et gaie."


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